dimanche 24 février 2008

République cocotière ou royaume d’Ubu ?

Il est difficile pour un métropolitain d’imaginer à quel point la vie politique en Polynésie française est grotesque. Nous en avons eu une superbe démonstration durant notre séjour à l’occasion de l’élection présidentielle. Le principe est d’élire des sénateurs au suffrage direct, ces sénateurs élisent ensuite le président du sénat puis le président de la Polynésie. Pour le casting il y a trois têtes : Flosse anti-indépendantiste et pote à Chichi, Temaru indépendantiste, Tong Sang autonomiste et 57 sièges à pourvoir.

Les résultats des élections sont les suivants : Flosse 10 sièges, Temaru : 20 sièges et Tong Sang : 27 sièges. Toute personne normalement constituée penserait que Tong Sang a gagné et qu’il serait logique de le retrouver président. Seulement voila, 27 sièges sur 57 ça ne fait pas la majorité absolue pour être élu président du sénat et président du territoire, il faut donc faire des alliances…

Ca magouille sec dans tous les sens pour finalement aboutir à l’élection de Fritch, le dauphin de Flosse à la présidence du sénat contre une promesse de reports de voix sur Tong Sang pour la présidence de la Polynésie. Cette manœuvre coûte bien sûr très cher en postes clés à Tong Sang, on n’a rien sans rien.

Arrive l’élection du président et là, coup de théâtre, Flosse se présente contre Tong Sang, il s’est allié avec les indépendantistes de Temaru son ennemi politique de toujours. Le résultat sera finalement de 29 votes pour Flosse contre 27 pour Tong Sang et un bulletin nul.

Résultat, celui qui a obtenu le plus de votes des électeurs se retrouve dans l’opposition et les indépendantistes prennent le pouvoir en faisant élire leur pire ennemi anti-indépendantiste, celui là même qui a obtenu le moins de votes au départ (17,5%).

Et tout ceci dans la plus grande légalité – mais comme l’indiquait une sénatrice alliée à Tong Sang « c’est légal, mais moralement, ce qui a été fait n’a pas de nom ».

Voilà une bien belle leçon de politique dans une démocratie où l’électeur se sent un peu cocufié. Il l’exprime d’ailleurs, sur le répondeur de Radio 1 – comme son nom l’indique, une émission où sont passés les messages déposés sur le répondeur de la radio, et ce sans aucune censure (tant que le message ne contient pas d’insulte) : pas un seul message de contentement, mais uniquement l’expression d’une honte et d’un dégoût général. Côté métropole, nous verrons juste les infos sur LCI, qui se contentera d’une annonce rapide mais assortie d’un cynique « étonnant résultat des élections à Tahiti : l’insubmersible Gaston Flosse reprend le pouvoir ».

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